Stress scolaire, pression sur les élèves, parents angoissés, plus le temps de jouer...Un article de Claudine Proust paru dans Le Parisien.

Publié le par réciprocités

Stress scolaire : une « maladie » typiquement française CLAUDINE PROUST | LeParisien.fr 03.05.2010

Il n’y a aucune statistique officielle qui quantifie l’ampleur du stress scolaire. La tâche est d’autant plus difficile que beaucoup de ceux qui le subissent masquent ce mal-être « par des comportements de relâchement, pour mieux s’en protéger », prévient la psychopédagoque Brigitte Prot. Voici néanmoins plusieurs indices qui montrent qu’en France le phénomène est inquiétant.

Ils manquent de confiance. C’est une maladie bien française, qui ressort des fameuses enquêtes internationales Pisa. Selon les chercheurs de l’OCDE qui mènent ces enquêtes, les petits Français, même distancés par les Finlandais (premiers de la classe mondiale), ne sont pas nuls pour autant. Le hic, c’est qu’« ils ne savent pas qu’ils savent » et préfèrent ne pas répondre plutôt que risquer de se tromper. En classe, on préfère rentrer la tête dans les épaules que de lever le doigt, par crainte d’une mauvaise réponse qui fera ricaner les copains ou grincer le prof.

Direction l’infirmerie. Quand ça ne va vraiment pas, on somatise. Troubles du sommeil « dès la maternelle », maux de ventre, état agité ou carrément agressivité, « des signes visibles qui augmentent depuis vingt ans », observe le psychiatre Patrice Huerre. Infirmière dans un collège de banlieue parisienne, Brigitte confirme : « Quand un élève pousse la porte de l’infirmerie en se plaignant du ventre, on découvre souvent qu’il stresse pour un contrôle ou une note à annoncer aux parents. » La fréquentation des infirmeries, « sauf dans les lycées prestigieux et les classes prépa, où c’est toute l’année », atteint des sommets pendant la période des conseils de classe et d’orientation. « Là, on va attaquer la période forte ! » craint-elle.

Tous chez l’orthophoniste. Le marché généré par l’angoisse scolaire se porte à merveille. En maternelle ou en primaire, au moindre petit retard de lecture ou si l’enfant inverse quelques syllabes, on file chez l’orthophoniste, avec la bénédiction des enseignants. « On en arrive à 40 % d’enfants qui y sont envoyés dans certains quartiers, alors que la dyslexie véritable ne touche que 3 à 5 % d’enfants », déplore Nadira Anacleto, orthophoniste qui observe la multiplication de cabinets spécialisés. Les psys ne sont pas en reste. Mais comme le souligne ironiquement Patrice Huerre, les consultations « répondent plus à l’angoisse des adultes qu’aux besoins de l’enfant ». « Seuls 8 à 12 % des enfants et adolescents ont des problèmes nécessitant vraiment un psy », confie l’épidémiologiste de l’Inserm, Marie Choquet. Signe des temps : les cours de sophrologie destinés à apprendre aux gamins à relâcher la pression se multiplient. On voit même apparaître des colos « spécial yoga » !

http://www.leparisien.fr/societe/stress-scolaire-une-maladie-typiquement-francaise-03-05-2010-907376.php

 

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On met trop la pression sur les élèves

Conscients très jeunes qu’il faut réussir, ils sont stressés par leurs parents et leurs profs. Pourtant, ces élèves sont aussi des enfants, qui supportent de moins en moins la pression.

Claudine Proust | LeParisien.fr 03.05.2010

Boucler le programme coûte que coûte pour aider la classe à réussir. Guider ses enfants vers les meilleures filières qui lui garantiront un bon métier. Qu’ils soient enseignants ou parents, les adultes ont sans doute de louables raisons de mettre la pression sur les enfants. Surtout en cette fin d’année scolaire, où se profilent le brevet, le bac, le choix crucial du futur lycée ou la non moins cruciale orientation.

Mais… et les enfants dans tout ça ? Ils ne le disent pas, conscients du poids des attentes des adultes. Mais ils le manifestent, par des maux de ventre fréquents, des insomnies, des notes qui sombrent soudainement. Ou, carrément, en développant une vraie phobie scolaire.

Pourtant pas plus performants

Les petits Français ne sont pas les plus heureux en classe, comme le montrent les études internationales. Pressés par leurs profs, stressés par leurs parents, ils n’en sont pas plus performants pour autant, disent les mêmes enquêtes. « Quand je vois mon fils de 4 ans qui s’éclate, les écoliers norvégiens qui adorent l’école, je suis heureuse d’y vivre », témoigne une Française installée en Norvège. Elle se dit terrifiée de voir qu’en France « on ne parle que de résultats, de travail, de contrôles »… et jamais « d’épanouissement ».

Beaucoup d’élèves souffrent réellement de ce mal-être scolaire. Les parents ne le voient pas toujours assez pour s’alarmer, comme Brigitte Barau, présidente de l’Association des parents d’élèves de l’école libre (Apel). « Toute leur scolarité, on leur dit : Tu vas voir l’an prochain ce sera pire ! Comment voulez-vous qu’ils soient sereins ? » Psys et pédagogues renchérissent : « Et si on ne voyait pas en nos enfants que des élèves ? »

Epidémiologiste à l’Inserm, Marie Choquet s’en émeut aussi. « On a longtemps cru que le mal-être des jeunes était lié aux relations familiales, amicales. Qu’il s’exprimait à l’école. Sans réfléchir que ce lieu où ils passent au moins seize ans de leur vie pouvait aussi être une cause de malaise. »

http://www.leparisien.fr/societe/on-met-trop-la-pression-sur-les-eleves-03-05-2010-907377.php

Les cinq grandes causes de stress des enfantsribambelle01

52 % des parents reconnaissent être stressés par la scolarité de leurs enfants. Cours de soutien, rattrapage scolaire, langues étrangères, sport, musique... certains élèves ne supportent plus cette pression, parfois destructrice. CLAUDINE PROUST | LeParisien.fr 03.05.2010

1. Hyperstimulés dès le berceau

 Pour Patrice Huerre*, pédopsychiatre et vice-président de la maison des adolescents des Hauts-de-Seine, la pression sur les enfants commence, « avec les meilleures intentions du monde »,… dès le berceau. « Depuis vingt ans, les parents pensent qu’il faut stimuler les bébés. Regardez la multiplication des jeux dits éducatifs qu’on leur offre alors qu’ils n’ont que quelques semaines ! A la place du hochet et de la peluche, les enfants sont désormais entourés de jouets qui clignotent dans tous les sens. » Dès le primaire, les voilà soumis à un emploi du temps de ministre, entre musique, sport, ateliers créatifs… en plus de l’école.

2. Ils n’ont plus le temps de jouer

« Quand la maîtresse m’a remis le bulletin de mon fils, en moyenne section, elle m’a expliqué que Lucas manquait de concentration en classe, qu’il ne pensait qu’à jouer ! » se souvient, estomaquée, Sophie. Parce que la fillette, en deuxième année de maternelle dessinait mal ses ronds, « et préférait jouer, l’instit m’a prédit l’échec scolaire de Lucie ! » s’énerve Karine. Ce ne sont pas des cas isolés. Pour Patrice Huerre, cette propension au jeu est au contraire « un signe de très bonne santé » ! « Jouer, c’est aussi apprendre, interagir avec les autres. En grandissant, le défi de nos enfants va être de s’adapter à un monde qui change à toute vitesse. » Rogner sur ce temps-là, en les stimulant de façon permanente, aura pour effet possible de les livrer au stress « comme de petits adultes qu’ils ne sont pas », rappelle la psychopédagogue Brigitte Prot.

3. Trop lourd, le poids des notes

Parfois, Louise, 6 ans, sort de l’école avec un sourire aussi large que celui du bonhomme que la maîtresse a apposé sur sa feuille de dessin. Parfois, c’est au contraire « Jean qui pleure », pour signaler ce qui a été mal fait. À la maternelle, on ne note pas, mais c’est tout comme. Et en primaire ? Depuis deux ans, les parents ne reçoivent plus de bulletins mais un livret de compétences, listant ce qui est acquis ou pas. L’idée de supprimer les notes au primaire est dans l’air. En attendant, elles continuent de fleurir au stylo rouge sur les contrôles. Sans réelle explication complémentaire et assorties parfois « de commentaires lapidaires », regrette Brigitte Barrau, présidente de l’Apel (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre). Autre pesanteur, l’évaluation perpétuelle avec l’arrivée prochaine de livrets dédiés dans le primaire. En CE 1 et en CM 2 (et bientôt en maternelle), des tests de connaissances sont carrément organisés à l’échelle nationale.

4. Des parents angoissés

« L’école demande beaucoup aux parents de s’impliquer dans le suivi des devoirs », observe Christine Camuset, psychologue de la ligne d’écoute Interservice parents. Ajoutez-y la peur de l’échec scolaire, de l’orientation ratée et, enfin, le spectre du chômage… Tous les ingrédients sont là pour que les parents stressent et qu’ils mettent même inconsciemment à leur tour la pression sur les enfants. Comme ce père d’un enfant de maternelle à Paris, prof lui-même, qui s’inquiète que le cahier remis à son fils ne contienne que deux pages d’exercices alors que celui de l’autre maîtresse en compte cinq. « C’est comme si les apprentissages en maternelle se mesuraient au poids du cahier », déplore Evelyne, la directrice concernée.

( Interservices parents : 01.44.93.44.93)

5. La course à l’excellence

Quand arrive le printemps, c’est un sport quasi national pour les parents en quête du bon collège ou du meilleur lycée pour leur rejeton. À force d’êtres branchés sur le tam-tam des autres parents ou les palmarès d’établissement, ils « oublient que l’important est plutôt de savoir quel est le plus adapté à son enfant, son tempérament et ses possibilités », soupire un proviseur. Corollaire de cette course à l’excellence : le boom des heures de soutien. Un élève du secondaire sur six reçoit désormais des cours privés. Un secteur qui ne connaît pas la crise : le leader Acadomia a décuplé son chiffre d’affaires depuis sa création en 1999.

* « L’Enfant et le jeu », Patrice Huerre (Nathan, 2007).

http://www.leparisien.fr/societe/les-cinq-grandes-causes-de-stress-des-enfants-03-05-2010-907374.php

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Publié dans Education

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S
<br /> Il semble que la mère ait une forte influence sur le stress des enfants. C'est ce qu'a démontré une enquête américaine dans le Rhode Island. L'on peut comparer la mère comme étant un anti-stress et<br /> cela depuis le plus jeune âge car cette enquête démontre que l'affection de la mère depuis le plus jeune âge fait que les adultes qu'ils deviendront sauront mieux gérer le stress et seront plus<br /> performants d'un point de vue scolaire.<br /> J'ai d'ailleurs écrit un article à ce sujet http://www.vivacours.fr/blog/ pour illustrer ce phénomène de l'influence maternelle sur les bébés dorlotés qui sauront gérer davantage leur stress et<br /> faire face aux coups durs de la vie! Mais ne laissons pas les pères sans rien car eux aussi ont une importance dans l'éducation de leurs enfants et sont de plus en plus aimants avec eux.<br /> <br /> <br />
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